Le festival de courts-métrages “Un poing c’est court” est un événement qui a lieu chaque année à Vaulx en Velin depuis 2001.
A l’initiative de la MJC de la ville à sa naissance, il fut ensuite repris par une réelle association de particules sociaux-culturelles vaudaises, aujourd’hui à sa tête : Azzedine Soltani, responsable du cinéma Les Amphis; et Laurent Millet coordinateur de la maison jeunes. Ce festival a pour but de faire rayonner la diversité culturelle issue de la francophonie et surtout réunir autour de cette thématique et la perspective de l’ouverture à l’autre. C’est après un entretien avec Nicole Garnier, présidente de la 17e édition, membre de l’association du Festival du Film Court Francophone de Vaulx-en-Velin et de la Commission de visionnage du festival, que je vous en dit plus sur un événement à la notoriété grandissante, tant à l’échelle de son public, que de l’intérêt que lui porte les professionnels du cinéma.
L’essence du festival
A sa création, l’idée était de réunir autour de la francophonie la soixantaine de nationalités différentes et principalement issues des colonies françaises, qui constituent la ville de Vaulx-en-Velin. C’est ensuite, face au succès impressionnant d’une soirée du festival qui avait été dédiée à la projections de courts-métrages, qu’il a été décidé d’y consacrer l’évènement. Ce projet a grandi petit à petit, ramenant une multitude de personnes intéressées chaque année, tellement qu’il fut trop lourd d’en continuer sa direction pour la MJC, la ville a alors incité les différents membres actifs du festival à devenir une association pour que ce beau projet puisse subsister.
Le festival entend mettre en valeur la diversité culturelle que proposent les plusieurs espaces francophones et faire en sorte que ceux-là se rencontrent. Hormis cette entité prédominante, le festival veut s’investir dans la diffusion de valeurs telles que celle du respect d’autrui, l’accueil de tous, la découverte et des valeurs profondéments humanistes. Le Festival du Film Court de Vaulx-en-Velin a aussi pour préoccupation d’apporter son soutien au continent africain qui est démuni de formations et donc de réalisations et même projections.
“Les images résonnent sans aucune frontière et nos langues se font écho d’ici à là-bas. Parfois lassés d’être là, nous restons enfermés dans nos ici. Alors ne nous refusons pas la chance de nous affranchir de ces frontières trop étroites. Le cinéma transgresse les préjugés et passe les frontières, les déplace et évite l’enfermement. C’est en cela que le court métrage, qui n’est soumis à aucune contrainte marchande, s’affirme comme une juste création et peu importe où se passe l’action.”
-Nicole Garnier
Tout un programme !
C’est autour de ces valeurs que s’organise ce festival chaque année et permet d’apporter découverte et divertissement à sa ville, et de plus en plus à un public bien plus élargi. Une programmation riche en une semaine. D’abord 4 programmes en compétition de 2h chacun et projetés 2 fois afin qu’ils aient un maximum de réception : un programme sur la francophonie, un programme dédié à un pays, un programme d’animation, et un programme de courts qui furent retenus par la commission mais ne sont pas en compétition. Autour de ces programmes ont lieu une soirée d’ouverture du festival où un réalisateur a carte blanche et crée donc sa propre programmation autour de son pays, mais aussi la Nuit du Court : une nuit avec la projection de 3 programmes, une soupe et un petit-dej’ à la clé ! Le festival “Un poing c’est court” ne s’arrête pas là et met en place un atelier d’écriture à la critique de cinéma avec des professionnels, mais aussi des séances jeunesse qui font découvrir l’envers du décors du cinéma d’animation aux plus curieux.
Mais comment vit un tel projet ?
Derrière tout ça, se trame une marée de gens dévoués à leur ville ou simplement à la diversité culturelle. “Un poing c’est court” c’est le festival, le projet d’une association (Festival du Film Court de Vaulx-en-Velin) constituée de plusieurs petites entitées oeuvrants pour la diversité et pour l’ouverture culturelle pour tous.
Cette association est soutenue par les 3 centres sociaux de la ville en plus de la MJC ce qui est une vraie force pour le festival. La mairie est un soutien capital puisqu’elle lui délivre 30 000 euros d’aide au financement, mais fournit aussi du personnel et met à disposition 3 salles de projections ainsi que leurs équipes pour l’évènement.
Ensuite le festival a eu jusqu’à maintenant la chance de prétendre à un double financement régional pour le soutien à l’action en elle-même et pour soutien à la politique de la ville de Vaulx-en-Velin, ce qui débloque 16 000 euros supplémentaires. L’Espace Projet Inter Associatif oeuvre aussi dans le financement du festival et met à disposition du matériel ainsi que du personnel. Mais cette initiative est profondément aidée humainement par des gens volontaires de la faire perdurer, et rassemble une quarantaine de bénévols dévoués en amont et pendant le festival.
La préparation du Festival
L’association est relativement bien organisée : elle dépose un “appel à films” courant mai sur la Plateforme du Cinéma, une interface sur laquelle les réalisateurs vont ensuite pouvoir s’ils le souhaitent, proposer leur film à la programmation du festival et ce jusqu’à peu près fin août. Quelques conditions: le court-métrage doit parler français ou en être sous-titré, son réalisateur ou producteur doit appartenir à l’espace francophone et ne doit pas excéder les 30 minutes. Il n’y a pas de thème, à part celui de la francophonie, et les films peuvent aller de l’animation, au documentaire et la fiction.
L’association procède à une grande phase de visionnage qui devient de “plus en plus compliquée avec le succès de festival” car ils reçoivent beaucoup de propositions. Ils ont donc constitués 5 binômes de visionnages qui s’occupent de faire un premier tri parmis les films (sur des questions de conditions ou concordance au festival), avant de soumettre tous ces courts-métrages à la Commission de visionnage qui est constituée de 3 membres. La commission les regarde puis ils statuent afin de constituer leur sélection qui sera donc à la programmation du festival en janvier.
A la fin de cette semaine de projections, les 6 différents jurys (professionnels, presse, étudiants, l’Alliance française, étudiants du monde, adultes vaudais, et jeunes vaudais) délivreront 11 prix en fonction des films qui les ont touchés. En 2017, le Grand Prix fut décerné au court “Le nom que tu portes” de Hervé Demers, qui s’est vu remis la somme de 3000€ afin de réaliser à nouveau. Cependant, c’est le premier film franco-tunisien de la réalisatrice Chabname Zariab qui aura transcendé le festival avec un total de 5 prix, en traitant du “bacha-bazi” un sujet lourd puisqu’il relève de l’esclavage sexuel. Cette année le festival aura lieu du 19 au 27 janvier 2018, à ne pas louper !
Un poing c’est court propose une programmation riche qui réveille une ville autour d’un même événement à dimension inter-culturel qui cible la diversité et veut en faire ressortir sa richesse via le format du court-métrage. C’est grâce à la volonté des personnes oeuvrant pour le festival que celui-ci subsiste et s’étend d’années en années en permettant d’accroître les relations d’échange interculturels, une valeur primordiale à conserver.
Margot.